Nous nous reverrons
Titre : Nous nous reverrons
Auteur : Nady
Rating : G
Catégorie :drame
Personnages : Trish Burnett essentiellement
Spoilers : aucun
Résumé : La mère de Harm nous livre ses pensées
Disclaimer : « La série JAG ne m'appartient pas. Elle est en la possession de DPB, Bellisarius Production, CBS et Paramount. Je ne fais qu'emprunter les personnages un petit moment, mais je promets de les rendre plus tard. Je ne touche aucune somme d'argent pour cette histoire. Ce n'est qu'un divertissement. »
A/N : Waou après des mois d’hésitation, je poste enfin ma première fic !! J’ai beaucoup attendu parce que j’avais une trouille bleue de la mettre en ligne ! Mais ça y est je suis décidée… J’espère qu’elle vous plaira parce que c’est mon premier bébé ! Je l’ai écrit un soir ou j’arrivais pas à dormir et je ne sais pas ce qu’il m’a pris mais elle est assez sombre…
Merci à mon relecteur Mac Breheny qui m’a toujours aidé et toutes celles qui m’ont décidée à poster !! Bon assez parler, en avant…
Rhhoo j’ai trop peur là…
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Ton père me disait toujours que tout valait mieux, lorsque chacun s’efforce de vivre un peu pour soi, que ce vide inéluctable, froidement installé qu’est l’absence d’amour. Quand il s’en allait loin et que je tremblais pour lui, il me rassurait. J’entends encore sa voix :
« On peut tout te prendre, ton honneur, ta passion, ta jeunesse, l’ensemble de tes vertus, tous tes biens jusqu’à ta dernière chemise, il te restera toujours ton âme pour imaginer la vie que l’on t’a enlevée. » J’y ai beaucoup songé, cette phrase m’a tenue éveillée depuis ce jour fatidique où tu m’as été enlevé. Ce jour-là, on ne m’a pas volé mon honneur ou mon amour, quand tu es parti, ma vie t’a suivi.
Enterrer un mari abîme un être, enterrer un enfant le détruit complètement… Je n’ai jamais supporté la mort de ton père, je ne supporte pas plus la tienne aujourd’hui. Ne dit-on pas que les parents doivent s’envoler avant leurs enfants ? Cela ne m’a jamais semblé aussi criant de vérité que maintenant…
Tu sais, j’ai toujours secrètement rêvé de te voir fonder ta propre famille, donner à tes enfants tout l’amour paternel qui t’a sûrement manqué étant petit. Je t’ai toujours imaginé entouré d’enfants, de plaisir et rempli de fierté, te sentant complètement satisfait et… heureux. Depuis quelques années pourtant, j’ai douté, pensé et beaucoup pleuré. Avais-je donné à mon fils toute l’attention qu’il méritait ? Une assez belle vision du bonheur pour qu’il puisse lui aussi la transmettre à sa propre famille ? Etait-il heureux ? Je ne te l’ai jamais demandé, je t’ai toujours laissé faire tes propres choix, vivre ta vie. Peut-être aurais-je dû m’investir davantage ? Si j’avais su…
Mais tu sais, j’ai compris. J’ai compris en regardant cette femme, en regardant sa tristesse ressemblant étrangement à la mienne quand j’ai perdu ton père ; j’ai compris, mon fils, que tu avais été heureux. Tu as vécu ta vie comme tu l’as toujours voulu, tu as assumé lucidement ton destin et tu y as trouvé ta dignité. Tu as compris plus tôt que moi ce que ton absence révèle à mes yeux aujourd’hui : chaque pas que nous faisons nous fait avancer irrémédiablement vers le vide, vers ce néant inéluctable qu’est… la mort. L’ai-je vraiment dit ? C’est étonnant comment dire une chose peut se révéler si délivrant et à la fois si blessant…
Il y a 3 jours, mon fils est mort et j’ai l’impression de l’être aussi… Bientôt, des personnes qui me sont la plupart inconnues viendront me présenter leurs condoléances et me témoigner tout leur chagrin… uniquement pour montrer aux gens combien ils sont tolérants et attentionnés.
Je n’ai jamais voulu y songer avant, j’avais bien trop peur de ce qui pouvait arriver. Mais depuis quelque temps, je la sens arriver. Nous arrivons tous au bout du tunnel à un moment donné, nous avons tous un point commun dans notre vie, nous sommes tous maître de notre destin sans autre destinée supérieure que la mort. Je sais que de là-haut tu dois me trouver désespérée et bien sombre… Mais je l’ai sentie il y a quelques semaines, il y a quelques jours, hier et encore aujourd’hui. Elle va venir me chercher et n’essaye pas de me rassurer, de me dire que mon heure n’est pas encore arrivée. Je sais que c’est faux. Je ne suis plus toute jeune et j’ai vécu ma part d’existence ici, à moi de découvrir le firmament.
J’ai l’impression d’adhérer à une présence mais d’être déjà hantée par une absence, comme une sorte de réunion des contraires, un paradoxe. Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi mon chéri, je n’ai plus peur et je vais bientôt te rejoindre. Minute par minute, heure par heure je sens le temps défiler, le compte à rebours est déclenché avant que moi aussi je ne connaisse cet ailleurs inconnu d’où personne n’est jamais revenu ; avant que moi aussi je m’oriente vers ce Dieu que nous ignorons et vers lequel nous marchons à tâtons.
L’homme naît sans dents, sans cheveux et sans illusions, et il meurt de même, sans cheveux, sans dents et sans illusions. Je suis consciente que ma tristesse se joue de mes états d’âme, qu’elle se nourrit de ma fragilité et m’affaiblit encore et encore. Les larmes ont peut-être noyé un peu de mon chagrin, mais la souffrance est toujours là, tapie au plus profond de mon être guettant le moment propice pour remonter à la surface et asséner son cou fatal.
Je te laisse aujourd’hui reposer en paix. Je te dis adieu mon fils, non plutôt à bientôt jusqu’à notre prochaine rencontre. Bientôt nous serons tous les trois réunis, et cette fois pour l’éternité. Sache que tu as été ma plus belle fierté, que tu as incarné mes plus belles années, orné mes projets de lumières étincelantes et comblé mon cœur d’une douce présence. Je pars rejoindre ces gens venus pour toi aujourd’hui pour leur tirer discrètement ma révérence, pour passer mes dernières heures avec eux, avant de m’envoler vers d’autres cieux.
C’est avec tristesse mais confiance que Trish Burnett rejoignit Franck et serra délicatement Sarah Mackenzie dans ses bras, puis tous les trois partirent doucement continuer leur vie, ce fabuleux trésor qu’ils tisseront eux-mêmes jusqu’à la fin.
Lorsqu’ils se retournèrent, les lettres gravées sur le marbre se mirent à briller :« Ici repose Harmon Rabb Jr né le 25 octobre 1963
et décédé tragiquement le 29 avril 2005.
La vie abîme les êtres, lui, restera beau à jamais… »
FIN