Un texte pour ma tite Kim que j'adore.
La route
Je sens les coups de pieds me briser les côtes.
Je tente de me relever, pour fuir, comme je l’ai fait. J’avais commencé à réussir quand j’ai senti les coups de mon bourreau, me faire tomber et me faire avaler la poussière.
Je n’arrive plus à respirer. Mon souffle est court, je manque d’air, j’ai l’impression d’étouffer, tellement mon cœur m’opprime dans ma poitrine, que mes poumons ne savent plus ce que c’est que l’air. Que je ne sais plus rien des gestes de la vie. Respirer….
J’entends son rire.
Il sait que je vais avancer, car je n’ai pas le choix. Souffrir je le fais. Si je m’arrête, je meurs.
Me reste à avancer, encore et contre tous.
Ressentir les coups.
Avaler la poussière et continuer à avancer.
Mes mains effleurent la terre. Essayant de m’en emparer comme d'une arme dérisoire.
Mais je continue à ramper. Malgré la douleur, les coups et les rires.
Je me demande quand je vais sentir mon corps exploser.
Je souhaite ne plus sentir la douleur.
Cela serait plus simple de mourir.
Fuir pour quoi faire, je ne peux lui échapper.
Espérer trouver un monde meilleur. A quoi ça sert de continuer à souffrir, pour rien.
Je me retrouve face contre terre.
Mon bourreau s’acharne.
Je tente de m’appuyer sur mes avant-bras.
Et je recommence cette avancée, encore et toujours.
Je sens que ma résistance tape sur les nerfs de mon bourreau, qui ne comprend pas comment après avoir enduré tout ça, je peux continuer à supporter une telle épreuve.
Mais je ne suis pas lâche, je ne veux pas qu’il gagne. Je vais gagner, continuer à avancer malgré les coups, encore et encore.
Je ne perdrai pas le contrôle de ma vie, je ne vais pas dire stop, et le laisser gagner contre moi. Je suis vivante, et je vais le lui montrer.
Avancer millimètres par millimètres.
Il ne voudrait qu’une chose, que je me replie sur moi-même pour me donner des coups plus puissants, lui crier grâce et le laisser gagner le combat.
Mais il ne m’aura pas.
Jamais.
Même si ces coups doivent m’égratigner le corps entier, avoir les mains en sang à force de m’accrocher, même si je dois pour respirer manger de la terre car je suis au sol, je ne le laisserai pas gagner.
La route est longue, il n’y a que lui et moi sur cette route.
Ce démon sans nom qui me torture, mais il ne gagnera pas.
Ca je peux le jurer.
Entre lui et moi, c’est moi qui vais gagner.
Les coups s’arrêtent de pleuvoir sur moi.
Est-ce qu’il s’est lassé ? Est-ce une trêve ?
Est-ce que j’ai eu raison de lui ? Du moins pour un moment. Car je le sais, il reviendra à la charge. Il ne peut en être autrement.
Je tente de reprendre mon souffle, j'ai enfin l'impression que mes poumons redécouvrent ce que c'est que l'air, que mon coeur bat de nouveau, qu'il retrouve un rythme normal.
Je sens une main se poser sur ma joue.
Une main douce, qui sèche une larme qui a échoué.
Je murmure un : est ce fini ?
Le visage auquel je ne pourrais pas donner de nom, me rassure d’un sourire, mais me murmure :
- Cela ne fait que commencer. Mais c’est cela la vie. Non ?
Je ferme les yeux.
C’est la vie, peuplée de difficultés de coups de pied, de peines, d’épreuves. Mais il reste ce visage auquel je peux attribuer un nom : l’espoir.