voici ma dernièr petite fic bonne lecture.
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Je suis assis seul, dans ce couloir immense, entouré de ses murs blancs impersonnels,
froids, étroits. Ma casquette blanche dans mes mains, que je fais tourner pour me donner
une contenance, pour éviter de trop m’angoisser, m’affoler. J’attends…j’attends que
quelqu’un sorte, passe ses grandes portes battantes bleu sur lequel est marqué en rouge
« défense d’entrée sauf personnel »…j’attends la peur au ventre, les yeux rougis, par la
fatigue, le manque de sommeil de ses derniers jours. Priant je ne sais quel dieu…peut-être
tous à la fois, celui qui voudra m’aider, entendre mes supplications, ma détresse, ma
souffrance. Mes épaules rentrées et ma tête baissée, les yeux rivés sur le lino, j’attends
qu’un de ces foutus médecins, qui ne veulent jamais se prononcer sur un diagnostique, sorte de cette salle d’opération en me disant, félicitation monsieur vous êtes l’heureux papa d’un magnifique petit garçon et votre femme se porte comme un charme, tout s’est bien passé…Mais voilà ça fait des heures maintenant que j’attends, la réalité c’est que dès notre arrivée ici, les choses ont commencé à prendre une tournure malsaine, même si au départ tout semblait bien aller. Je me revois me tenant là, debout à côté d’elle, essayant de la soutenir, de lui transmettre ma force, mon amour. La regardant pousser de toutes ses forces. Elle n’avait pas voulu l’un de leur anesthésiant. Elle voulait ressentir l’accouchant, ressentir chaque sensation, chaque étape.
De la contraction douloureuse, terrassante, au passage de la tête et du petit corps de notre bébé. D’ailleurs moi aussi je me souviens encore de ses premières sensations, lorsqu’elle tenait ma main dans la sienne et qu’elle commença à serrer. J’avais l’impression que je me faisais broyer les doigts, non je mens…ce n’était pas une impression c’était la réalité. Mais tout comme elle, je n’ai pas crié ma douleur, j’ai ravalé mes hurlements, j’ai courbé le dos et je me suis penché vers elle en lui susurrant des mots doux, des mots d’encouragements, des mots d’amour. Je lui ai même promis que tous les trois nous irions passés quelques jours à la ferme chez Sarah, ce qui l’avait fait sourire, malgré sa souffrance. Je me souviens de son sourire…mon dieu faites que je puisse encore en voir des millions comme celui-là, ne me l’arracher pas ainsi que mon fils, je ne le supporterais pas. Comment faire sans elle ? Comment vivre quand on a réussit après quarante années de solitude à enfin connaitre le bonheur d’aimer et d’être aimer. Aimer d’un amour sans condition, sans tabou, sans contre façon. Aimer, donner, partager sans rien attendre en retour. Être juste présent, être finalement à sa place.
Hier encore quand je lui ai fait l’amour, je me suis senti transporter, grimper au septième ciel comme je le fais à bord d’un Tomcat avec les G en moins, mais tout aussi excitant. Le sourire me vient à cette pensée, lui faire l’amour alors que sa grossesse est à terme, mérite une médaille de bravoure. Cette fois-ci je me mets à rire, tout seul sur le banc. Les médecins, les infirmiers me regardent comme si j’avais perdu la tête. Oh que oui je perds la tête, je vais devenir fou si quelqu’un ne sort pas très vite de cette maudite salle.
Et je continue à me rappeler.
Au début je me souviens que j’étais assez réticent pour lui faire l’amour, j’avais par je ne sais quel syndrome ou quelle idée préconçue, la sensation et la certitude que j’allais faire mal au bébé, alors que ce n’était qu’un Haricot de quelques millimètre bien enveloppé dans son cocon. Mac avait réussit par la magie de ses mains à me faire oublier cette peur jusqu’à son quatrième mois.
Je me rappelle de ses formes, de ses seins gonflés, adorables, de ses rondeurs magnifiques que son ventre prenait, sublime, de son visage rayonnant comme une gamine insouciante, heureuse. Le fait d’être enceinte l’avait littéralement transformé et ça aurait été un péché de ne pas lui offrir ce cadeau de vie. Je revois encore l’image de son corps nue, allongé dans notre lit conjugal, riant, rougissant devant mes regards flamboyant, fiévreux. Là encore avec un peu de réticence elle avait su me mettre dans un état tel que seule la délivrance, la jouissance, pouvait apaiser. Puis finalement nous avions adopté un rythme de croisière qui convenait à tous les deux.
Et enfin les derniers mois. Son ventre ressemblait à un gros ballon de football. Je m’amusais souvent à poser ma main sur son ventre pour le sentir bouger sous mes doigts…quelques fois j’étais impressionné par le nombre de coup qu’il pouvait donner à la seconde…ou bien je regardais simplement son ventre faire des vagues ou des bosses selon comment le bébé bougeait. J’étais fier et tellement heureux, c’était une sensation nouvelle…Nous allions devenir parents. Puis de fil en aiguille, nos mains se cherchaient, se frôlaient. Nous arrivions souvent au fou rire, avant d’arriver à faire l’amour tellement j’étais gauche pour m’y prendre. Pendant plusieurs minutes son rire emplissait la pièce et puis au final c’est elle qui prenait les choses en main. Me guidant comme si c’était ma première fois. Et pour être honnête si je fais une rétrospective de ma vie c’était ma première expérience avec une femme enceinte.
Mais voilà, les choses n’étaient jamais aussi simples. Je souris encore de béatitude et de bonheur en repensant à tout ça, avant de réaliser que peut-être tout ceci risquait de devenir utopique, éphémère. Alors les larmes, mélanger à mes rire coulent sans que j’essaie de les retenir. Mon corps se secoue frénétiquement, et je ne peux rien y faire, je n’arrive plus à m’arrêter. Une jeune infirmière passe par là, je sursaute quand elle pose sa main sur mon épaule, je lève les yeux vers elle mais je n’entends plus rien à part la douleur et mes cris qui sont enfouis au plus profond de mon être. Elle me parle et me parle mais je ne veux pas qu’on me parle, je veux voir ma femme et mon fils. Pourquoi ne veulent-ils rien me dire…
J’étais là bon sens…!!! J’étais là quand le sang à commencer à s’écouler plus que nécessaire. J’étais là quand le visage du personnel médical est devenu sérieux, trop sérieux même apeurer. J’étais là quand les bips…bips des machines se sont affolées les uns derrière les autres.
Mes yeux s’étaient ouverts en grands les regardants s’affairer comme une bande de fourmis autour de ma femme. Puis mon regard se porta sur Mac, et à cet instant j’ai compris, ses yeux étaient devenu vitreux, son teint blême, la vie qui la faisait briller était en train de s’échapper d’elle. Mon cœur battait à une allure irrationnelle excité d’abord par le fait d’être papa puis par la peur qui venait d’envahir tout mon être. Mais ce qui me rendait fou c’est le fait d’être là à ses côtés et ne rien pouvoir faire, être incapable d’aider la personne, les personnes qui comptent le plus dans ma vie. J’en ai sauvé des gens et j’en suis très fier mais là, me retrouver impuissant, inutile m’a glacé le sang. Puis on m’a poussé, on m’a retiré sa main de la mienne, mais je ne voulais pas partir, la quitter, je voulais rester auprès d’elle. Alors je la lui ai reprise et j’ai poussé violemment la personne qui avait osé m’éloigner d’elle. J’étais comme un fou, et pour me sortir de là, ils ont été obligés de faire appelle à la sécurité de l’hôpital. Deux molosses m’ont attrapé de chaque côté, m’ont soulevé de terre. J’ai hurlé, je les ai suppliés de me laisser là avec elle, je l’ai même entendu m’appeler dans un murmure pratiquement inaudible, mais cela ne changea rien. Une infirmière, pour tenter de me calmer, m’avait attrapé le visage en coupe pendant que j’essayais de lutter contre les deux monstres qui ne me lâchaient pas, et je l’ai entendu me dire « Monsieur, si vous voulez que votre femme ainsi que votre enfant ait une chance de vivre, laissez nous faire notre boulot. » Cette phrase m’avait cloué sur place, je ne bougeais plus et on m’avait entraîné à l’extérieur de la pièce. J’étais dans un état second, complètement dépasser par les évènements. Voilà ou j’en étais rendu il y a de ça un peu plus de trois heures maintenant.
L’infirmière est toujours là la main sur mon épaule, et je me reconnecte à la réalité pour essayer de comprendre ce qu’elle me dit. Puis je réalise que c’est peut-être des nouvelles de ma femme et de mon enfant qu’elle m’apporte.
-Alors ?…demandais-je d’une voix tremblante, attendant le verdict avec une frayeur inexplicable, tellement elle est puissante et vorace.
Puis ce que j’arrive à comprendre, c’est qu’elle me demande juste si je désire quelque chose à boire. Là, une émotion, une sensation bizarre traverse mon corps. Je suis ici à attendre de savoir si ma vie va devenir un enfer et elle tout ce qu’elle me demande c’est si je veux un verre d’eau. Je la vois revenir avec son verre en plastique blanc et son sourire timide empli de compassion sur le visage, mais ma colère est dévastatrice et je n’en ai rien à foutre de sa compassion. Tout ce que je veux c’est ma femme, mon fils.
D’un geste rapide j’envois sa collation contre l’un des murs et lui fait ravaler son sourire.
La pauvre, je la vois, elle est pétrifiée devant moi. Je crie tellement, que je rameute tout le personnel de l’hôpital occupant l’étage, même quelques malades passent leur tête dans l’entrebâillement de leur chambre pour voir, le dingue qui hurle. Et je revois les deux molosses réapparaître. Ils s’approchent de moi à la vitesse de la lumière. Il m’attrape à nouveau mais cette fois-ci ils veulent me faire sortir de l’établissement le temps que je récupère mes esprits, que je me calme.
Ils me trainent jusqu’à l’ascenseur, mes pieds glissent sur le sol, crissant sous le frottement de mes semelles essayant de me retenir, m’agripper avec n’importe quoi. Lorsqu’enfin je vois les portes bleues s’ouvrir, mon cœur rate un battement. Je leur crie d’attendre, d’attendre juste une minute...Un médecin avec un visage fermé et fatigué s’avance vers nous. Les deux costauds me lâchent et je fixe le médecin. Il n’a pas besoin de parler, j’ai déjà compris. Je le vois bouger la tête et là je m’écroule à terre, les jambes coupées, sciées en deux. Je m’écrase violemment sur le sol, je cache mon visage dans mes mains et je pleure. Tout le monde me regarde, attendant que je me relève. Il ne comprenne pas ce qui m’arrive. Ils ne comprennent pas que les heures que je viens de vivre ont été insupportables, insoutenables, intolérables. Ils ne comprennent pas…À travers mes larmes, le sourire me gagne en intensité et je les vois faire de même, même les deux gardes de sécurité derrière moi ont un sourire niais sur le visage.
Il m’aide à me redresser et je demande tout simplement « puis-je les voir ».
Fin.